Souvent oubliée, l’infertilité masculine représente pourtant 40% des causes d’infidélité rencontrées chez les couples n’arrivant pas à concevoir. Difficile de comprendre pourquoi on parle si peu d’un sujet qui concerne près de la moitié des patients en couple hétérosexuel.
Dans cette interview que nous a accordé le Docteur Guilaume KABANGA, médecin Généraliste à l’Hôpital de la Rive, nous allons parler des différentes formes d’infertilité masculine, leur diagnostic et leurs solutions thérapeutiques.
SANTENEWS : Avant toute chose, quelle différence faites-vous entre la stérilité et l’infertilité ?
Dr GUILLAUME KABANGA : Il est important de faire la distinction entre stérilité et infertilité masculine qui sont souvent confondues. Un homme est stérile lorsqu’il est dans l’incapacité de féconder ou de concevoir naturellement un enfant. On parle d’infertilité lorsqu’il a des troubles de fertilité qui gênent ou empêchent la femme de concevoir un bébé en bonne santé avec son sperme.
En d’autres termes, c’est l’inaptitude d’avoir des enfants après 12 mois de rapport sexuel régulier.
SANTENEWS : Qu’est-ce qui cause l’infertilité masculine ?
Dr GUILLAUME KABANGA : En ce qui concerne la stérilité masculine, les causes sont variées.
Il y a notamment :
- Maladie de l’Hypothalamus ou hypophysaire (1 à 2%): Problème dans la production des hormones qui régulent les organes sexuels masculins.
- Causes post-testiculaires (10 à 20%): Blocage des voies séminales par lesquelles passent les spermatozoïdes.
- Maladie testiculaire (30 à 40%): Pour des raisons génétiques ou acquises, les testicules ne produisent pas de spermatozoïdes correctement.
- Stérilité idiopathique (40 à 50%) : Cause indéterminée de la stérilité (problèmes de concentration, mobilité, morphologie, des spermatozoïdes dans le sperme).
SANTENEWS : A partir de quel moment suspecte-t-on l’infertilité dans un couple ?
Dr GUILLAUME KABANGA : Tout dépend de celui qui veut connaitre son état de santé, car c’est avant le mariage que nous faisons souvent ce test de fertilité et nous l’appelons spermogramme.
Le spermogramme nous permet de faire la numérotation de sperme, sa mobilité, motilité et même sa forme. Lorsque nous recevons le patient, nous lui demandons de faire l’examen d’échographie testiculaire. Cet examen nous aide à voir s’il y a d’autres anomalies telle que la varicocèle.
En ce moment-là, tout doit être étudié à la loupe : les antécédents médicaux personnels et familiaux du patient, sa vie sexuelle, sa consommation de substances néfastes à la fertilité comme l’alcool, le tabac et autres drogues, l’exposition à une chaleur excessive ou à des radiations.
Il ne faut pas oublier l’exploration physique complète afin de connaître le phénotype du patient, d’analyser ses caractères sexuels secondaires et d’examiner son pénis, sa prostate et ses testicules.
Enfin et surtout, en ce qui concerne les examens en laboratoire, il faut analyser la qualité spermatique par le biais d’un spermogramme.
La plupart d’entre eux inclut les paramètres standards de concentration, morphologie, mobilité, pH, etc. Tous ces paramètres qui examinent les spermatozoïdes depuis l’extérieur.
De plus en plus, les spécialistes en fertilité s’intéressent à l’aspect interne des spermatozoïdes en s’intéressant par exemple à la fragmentation de l’ADN et à l’apoptose des cellules spermatiques.
Et il faut savoir que cet examen n’est pas seulement pour les mariés même pour les célibataires c’est important.
SANTENEWS : Quels sont les médicaments qui peuvent détruire les spermatozoïdes ?
Dr GUILLAUME KABANGA : Il y en a plusieurs et d’ailleurs nous les utilisons au quotidien. Le psychotrope que nous donnons beaucoup plus en cas de dépression neurologique, le Depakine et certains médicaments prisent dans le cas de la tuberculose qui peuvent aussi entrainer l’infertilité Chez l’homme.
SANTENEWS : La consommation abusive des aphrodisiaques naturels a-t-elle un impact sur ça ?
Dr GUILLAUME KABANGA : Déjà nous savons que l’homme doit connaitre une érection normale.
La prise abusive des aphrodisiaques peut entrainer à une impuissance à la longue et déjà lorsque l’homme ne sait pas avoir une érection correctement, ceci peut influencer sur sa fertilité. Ce qui veut dire que les hommes qui prennent des aphrodisiaques abusivement cela peut entrainer à un disfonctionnement érectile.
SANTENEWS : Peut-on prévenir l’infertilité chez l’homme ?
Dr GUILLAUME KABANGA : Pour prévenir c’est difficile, parce-que nous ne savons pas lorsqu’un homme est né est-ce qu’il sera fertile ou pas. Mais le diagnostic est plus posé auprès des couples qui n’ont pas comme nous l’avons défini déjà après 12 mois de rapport sexuel régulier et non protégé d’enfant et que l’homme est incapable de féconder sa femme. Ce qu’on peut faire ce que lorsque nous sommes face aux causes mécaniques nous pouvons la prévenir mais lorsqu’il s’agit des causes hormonales ou d’anomalie c’est un peu difficile de la prévenir.
SANTENEWS : Existe-il un test de fertilité ?
Dr GUILLAUME KABANGA : En France et dans certains pays occidentaux il y a ce qu’on appelle des autotests d’infertilité qui ont été mises en évidence. Mais il a été démontré que le résultat obtenu de ce test donne de faux résultat ce qui veut dire qu’on peut l’utiliser mais le résultat ne donne pas des précisions exactes de la fertilité.
SANTENEWS : Qu’en est – il du traitement de l’infertilité masculine ?
Dr GUILLAUME KABANGA : Le traitement de l’infertilité masculine existe et dépend de la cause. En ce qui concerne les causes mécaniques nous les soignons sur base des résultats trouvés, s’il s’agit d’une varicocèle on fera une cure de varicocèle, si c’est une cryptorchidie
On va faire le mesurage et calculer aussi le poids du testicule et lorsque nous faisons le mesurage, s’il s’agit de l’atrophie testiculaire le traitement devient un peu difficile par rapport à cela.
Nous pourrons faire un traitement hormonal pour essayer de stimuler. Si la cause est liée à la prise de certains médicaments ou à la l’environnement, l’Alcool et autres raisons, nous voyons le degré auquel le tabac ou l’alcool a entrainé le dégât chez l’homme. Si cette cause environnementale a causé la perturbation hormonale ça veut dire que nous allons apporter les hormones si cela a été perturbé par rapport au nombre de testicule c’est toujours lié aux hormones. C’est-à-dire le traitement dépend de la cause de l’infertilité et c’est à ce moment-là, que nous allons apporter des solutions par rapport à ça,et il peut s’avérer aussi que cela soit impossible.
Il y a aussi des cas où le traitement est impossible et s’il y a des cas comme ça il y aura un autre moyen qu’on appelle la procréation assistée, un couple sans enfant si on met en évidence les causes d’infertilité les solutions existent : il y a la fécondation in vitro par exemple.
SANTENEWS : Quel conseil donnez-vous en rapport avec l’infertilité masculine ?
Dr GUILLAUME KABANGA : Au moment où certains congolais n’accusent que la femme seule lors de l’évidence d’une infertilité, moi je peux prouver le contraire.
L’infertilité ne concerne pas seulement une femme, même les hommes sont aussi concernés d’où lorsqu’il y a un problème de stérilité soit un problème d’infertilité dans le couple, je demande toujours aux hommes de prendre le devant et non à la femme. A la société, arrêter de condamner la femme lorsque le couple est infertile parce-que la cause n’est pas forcément la femme.
Il est à signaler que dans la société congolaise, en l’absence d’une progéniture dans un couple, c’est la femme qui est pointée du doigt. La femme est considérée comme la cause du problème. Certaines femmes sont victimes de discrimination par les abus, les violences domestiques et certaines sont même répudiées des foyers. On peut entendre des phrases comme «aza kisita abotaka te » ce qui veut dire : elle est stérile, elle est incapable de donner naissance.
Deborah NKENGE