Le président de la République démocratique du Congo a présidé le lancement de la Conférence Internationale sur les violences basées sur le genre. Il a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre des mesures pour que les droits des femmes soient respectés autant que ceux des hommes en RDC et en Afrique. Les violences basées sur le genre touchent en particulier les femmes et les jeunes filles, souvent victimes de violences physiques ou sexuelles. Le président a souligné que ces violences sont amplifiées par des pratiques rétrogrades et les conflits récurrents à l’Est du pays. Il a donc fait appel à une approche globale pour renforcer les efforts de prévention et d’élargissement de l’accès et de la qualité de la réponse face à ce fléau.
« J’ai personnellement tenu à présider le lancement de cette conférence afin de réaffirmer mon engagement à tout mettre en œuvre pour que la RDC en particulier et l’Afrique en général deviennent des espaces où les droits des femmes seront autant respectés que ceux des hommes », a affirmé le Président Félix-Antoine Tshisekedi.
Il a également salué l’engagement de la Banque mondiale dans la lutte contre les violences basées sur le genre en RDC.
La banque mondiale , en tant que collaborateur et partenaire clé du gouvernement congolais pour cette conférence essentielle de grande envergure, a souligné son implication à faire avancer ce travail de lutte contre les violences basées sur le genre. La vice-présidente pour l’Afrique de l’Est et du Sud auprès de la Banque Mondiale, Victoria Kwakwa, s’est exprimé ce 19 juin 2023 pendant la conférence en mettant en exergue le fléau des violences basées sur le genre, qui constituent un obstacle au développement mondial.
Selon l’OMS, 36,6 % des femmes en Afrique subsaharienne en sont victimes au cours de leur vie. En RDC, les femmes subissent des taux élevés de violence, notamment sexuelle ou physique, souvent infligée par leur mari ou partenaire, en raison de normes sociales rétrogrades.
« Si ensemble nous ne relevons pas ce défi, nous mettons à risque les priorités de développement en termes de création d’emplois, de transformation économique, de développement du capital humain , d’accès aux services de base et de capitalisation de la transition démographique », a-t-elle affirmé.
« La pauvreté est à la base des violences basées sur le genre et empêche le développement du pays », a également déclaré Chantal Mulop, coordonnatrice du Service spécialisé en charge de la Jeunesse et la lutte contre les violences basées sur le Genre.
C’est donc dans ce contexte que la conférence internationale sur les violences basées sur le genre, organisée pour la première fois en RDC par la Présidenc avec l’appui financier et technique de la Banque mondiale et de l’Unité de Gestion du Programme de Développement du Système de Santé (UG-PDSS), a réuni les acteurs internationaux, régionaux et nationaux, afin de renforcer la coordination et les mesures d’intervention de qualité fondées sur des données probantes, en faveur de la prévention et de la réparation de ces violences.
Synthèse des thématiques abordées lors de la conférence internationale sur les violences basées sur le genre (VBG)
La conférence a réuni pendant deux jours, les 19 et 20 juin 2023, un large éventail d’acteurs internationaux, régionaux et nationaux, tous engagés dans la lutte contre les VBG.
Cette conférence initiée par le chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui avait pour thème principal « Travailler ensemble pour mettre fin aux violences basées sur le genre en République démocratique du Congo », a permis d’explorer différentes
thématiques sous plusieurs angles afin de trouver des solutions pour l’avenir et de soutenir les actions déjà menées dans le cadre de la lutte contre ce fléau.
Les thématiques notamment abordées en parallèles étaient les suivantes :
La compréhension des causes et des solutions des VBG ; les leçons apprises de l’expérience de la lutte contre la violence liée au sexe en RDC ; l’approche multi- sectorielle et systématique pour la lutte contre les VBG ; la masculinité positive comme facteur de changement ; la mise en œuvre des lois et politiques relatives aux VBG :la réinsertion, la réparation et la réhabilitation des victimes de VBG ; le rôle des approches multi-sectorielles dans la lutte contre les VBG ; le renforcement des mécanismes de réponse et la provision de services pour les survivantes ; la recherche et les innovations dans le cadre de la lutte contre les VBG ; et enfin la coordination des interventions dans le cadre de la lutte contre les violences basées sur le genre en République Démocratique du Congo.
Se référant aux sous-thèmes susmentionnés, les participants ont traités plusieurs questions et ont mis en évidence les causes des VBG chez les personnes vivant avec un handicap, notamment la pauvreté, les préjugés, les discriminations, et l’ignorance de la loi, les normes sociales rétrogrades et souvent alimentées par la coutume. Ils ont également souligné que les personnes qui aident les personnes vivant avec handicap peuvent être elles-mêmes, délibérément ou pas, auteurs de ces violences. .
A titre illustratif, une partie de la culture de certaines tribus de la RDC a été pointée du doigt, car elle ne favorise pas les femmes, et les mères préfèrent souvent les garçons aux filles. Les oncles ont souvent la main-mise sur les filles et peuvent s’arroger le droit de les marier précocement..
Pour lutter efficacement contre les VBG, une approche multi-sectorielle et systémique est nécessaire, impliquant le secteur médical, psycho-social, judiciaire, socio- économique et éducatif. Il est important de promouvoir et de respecter les droits des victimes ( femmes et hommes), de mobiliser tous les acteurs, y compris les hommes et les garçons, la société civile et la communauté.
Les participants ont également souligné le besoin de disposer de données plus précises sur la question des violences envers les enfants de moins de 12 ans, qui dans la majorité des cas, ont du mal à dénoncer les auteurs des violences qu’ils subissent dans le silence; ainsi que la nécessité d’une coordination internationale pour lutter contre ces types de violences.
La masculinité positive a été identifiée comme un facteur de changement important pour lutter contre les VBG. Cela implique une éducation différente pour les filles et les garçons, où la compétence est mise en avant plutôt que le genre. Les participants ont souligné l’importance de donner une place équitable aux femmes dans tous les domaines de la vie en société.
« l’intelligence n’a pas de sexe, elle n’est ni masculine ni féminine. Ce sont les compétences qui doivent être mises en avant. Le changement de narratif consiste aussi dans ce que nous donnons effectivement comme place à la femme dans tout ce que faisons », a déclaré le ministre de la communication en République démocratique du Congo, Monsieur Patrick Muyaya.
En somme, pour lutter contre les VBG, il est nécessaire de mettre en place une approche holistique, où tous les acteurs sont mobilisés, et où l’éducation des filles et des garçons est repensée pour promouvoir l’égalité des genres.
Jemima Shukrani Tshimbalanga