En mission d’évaluation stratégique dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le Directeur Général de l’Institut National de Santé Publique (INSP), Dr. Dieudonnée Mwamba, a annoncé mercredi 25 septembre le lancement d’une vaste étude scientifique. Celle-ci vise à analyser l’impact sanitaire des conflits armés qui ravagent l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) depuis plusieurs décennies.
Cette initiative est sans précédent et a pour objectif de mettre en lumière les conséquences à court, moyen et long terme des violences sur le système de santé, la santé des populations locales, et d’autres secteurs de la vie sociale, à travers une approche intégrée appelée « une santé ». Selon Dr. Mwamba, bien que le monde soit conscient des morts et des déplacés, l’ampleur des conséquences sanitaires des conflits est largement sous-estimée. « Notre étude vise à combler ce vide », a-t-il déclaré.
L’étude se concentrera sur les effets à long terme des conflits, notamment l’augmentation des maladies infectieuses, la malnutrition — touchant plus de 41,8 millions de personnes dans les zones affectées — ainsi que les violences basées sur le genre et les troubles psychologiques résultant de décennies de violence. Dr. Mwamba a dressé un tableau sombre de la situation dans la province du Nord-Kivu, où 19 des 34 zones de santé sont en insécurité totale, dont 13 sous le contrôle du M23, soutenu par le Rwanda.
Depuis 2014, plus de 72 établissements de soins ont été pillés ou détruits, 39 incendiés, et plus de 16 agents de santé assassinés. « L’impact des conflits armés sur la santé ne peut être dissocié des autres dimensions de la vie en société. Quand la santé publique s’effondre, c’est l’ensemble du tissu social qui s’écroule », a-t-il souligné.
Une des préoccupations majeures est la résurgence et la propagation de maladies infectieuses dans un environnement déjà vulnérable. L’épidémie de MPOX (Monkeypox) en est un exemple frappant, ayant rapidement touché certaines zones de conflit en raison de la dégradation des infrastructures sanitaires. Dr. Mwamba a noté que l’absence de soins appropriés, couplée à la mobilité forcée des populations, a aggravé cette crise sanitaire, illustrant ainsi comment les conflits armés favorisent la propagation des maladies.
L’INSP vise, à travers cette étude, à fournir des données probantes pour aider à formuler des politiques de santé publique adaptées et guider la réponse internationale. Les résultats de cette étude devraient servir de base aux interventions médicales et humanitaires, tout en sensibilisant la communauté internationale sur les conséquences invisibles et durables des conflits armés.
Depuis plus de deux décennies, l’Est de la RDC est dévasté par des conflits armés alimentés par des intérêts économiques. Selon les Nations Unies, ces violences ont causé la mort de plus de 10 millions de personnes et déplacé plus de 7 millions d’habitants, dont plus de 2 millions pour la seule ville de Goma. Si ces chiffres tragiques sont largement médiatisés, l’impact sanitaire reste souvent ignoré.
Cette étude représente une étape majeure dans la compréhension et la prise en compte des impacts sanitaires des conflits armés, offrant un espoir pour la reconstruction d’un système de santé durable dans cette région dévastée.
L’or Kalombo