Une femme meurt toutes les deux minutes de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement (ONU)

Par Déborah NKENGE


Toutes les deux minutes, une femme meurt pendant la grossesse ou l’accouchement, selon les dernières estimations publiées aujourd’hui dans un rapport des organismes des Nations Unies. Ce rapport, intitulé : « Trends in maternal mortality » (évolution de la mortalité maternelle), met en évidence des régressions alarmantes pour la santé de la femme au cours des dernières années, en effet les décès maternels ont augmenté ou stagné dans presque l’ensemble des régions du monde.

« Alors que la grossesse devrait être un moment d’immense espoir et une expérience positive pour toutes les femmes, elle demeure malheureusement une expérience extrêmement dangereuse pour des millions de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des soins de santé respectueux et de grande qualité », a déclaré le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« Ces nouvelles statistiques montrent la nécessité urgente de garantir à chaque femme et à chaque fille un accès à des services de santé essentiels avant, pendant et après l’accouchement, et la possibilité d’exercer pleinement leurs droits en matière de procréation. »

Le rapport, qui recense les décès maternels à l’échelle nationale, régionale et mondiale entre 2000 et 2020, fait état d’un nombre de décès maternels estimé à 287 000 dans le monde en 2020. Cela ne représente qu’une légère baisse par rapport aux 309 000 décès enregistrés en 2016, lorsque les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies sont entrés en vigueur. Si le rapport présente quelques progrès significatifs dans la réduction des décès maternels entre 2000 et 2015, les acquis ont largement stagné, voire se sont inversés dans certains cas, après cette période.

Dans deux des huit régions des Nations Unies (en anglais), à savoir l’Europe et l’Amérique du Nord, ainsi que l’Amérique latine et les Caraïbes, entre 2016 et 2020, le taux de mortalité maternelle a augmenté, respectivement de 17 % et de 15 %. Dans d’autres régions, le taux a stagné. Le rapport note toutefois que des progrès sont possibles. Par exemple, deux régions, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ainsi que l’Asie centrale et du Sud, ont connu des baisses significatives (de 35 % et 16 % respectivement) de leurs taux de mortalité maternelle au cours de la même période, tout comme 31 pays à travers le monde.

En chiffres totaux, les décès maternels continuent d’être largement concentrés dans les régions les plus pauvres du monde et dans les pays touchés par des conflits. En 2020, environ 70 % de l’ensemble des décès maternels ont été enregistrés en Afrique subsaharienne. Dans neuf pays confrontés à de graves crises humanitaires, les taux de mortalité maternelle ont représenté plus du double de la moyenne mondiale (551 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, contre 223 à l’échelle mondiale).

Les principales causes des décès maternels sont les hémorragies graves, l’hypertension artérielle, les infections liées à la grossesse, les complications des avortements à risque et les affections sous-jacentes susceptibles d’être aggravées par la grossesse (comme le VIH/sida et le paludisme). Toutes ces complications sont en grande partie évitables et peuvent être traitées grâce à un accès à des soins de santé respectueux et de haute qualité.

Les soins de santé primaires centrés sur la communauté peuvent répondre aux besoins des femmes, des enfants et des adolescentes et permettre un accès équitable aux services essentiels tels que les naissances assistées et les soins prénatals et postnatals, la vaccination des enfants, la nutrition et la planification familiale. Cependant, le sous-financement des systèmes de soins de santé primaires, le manque d’agents de santé formés et des chaînes d’approvisionnement déficientes en termes de produits médicaux menacent les progrès.

Environ un tiers des femmes ne bénéficient pas d’au moins quatre contrôles prénatals sur les huit qui sont recommandés ou ne reçoivent pas les soins postnatals essentiels, tandis que quelque 270 millions de femmes n’ont pas accès à des méthodes modernes de planification familiale.

 

 

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