Par Deborah NKENGE
La zone de santé de Panzi, dans la province du Kwango, à l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC), a fait face à une épidémie de fièvre typhoïde depuis le mois d’août 2022. Plus de 1800 cas suspects ont été notifiés dans neuf des 25 aires de santé que compte la zone. Il y a quelques jours, l’équipe d’urgence de Médecins Sans Frontières (MSF) a quitté cette zone où elle avait été déployée de mi-février à début avril 2023 pour épauler les autorités sanitaires locales dans la riposte. Elle a assuré la prise en charge des cas simples dans sept aires de santé. Les cas compliqués, notamment les patients qui devaient être opérés, étaient référés et pris en charge par MSF au niveau de l’hôpital général de référence de Panzi. Retour sur cette intervention dans cet article.
Les conditions de vie dans la zone de santé de Panzi sont propices au développement et à la propagation des maladies d’origine hydrique comme la fièvre typhoïde. En effet, l’accès à l’eau potable est limité et les conditions d’hygiène dans la communauté sont souvent précaires.
Généralement transmise par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par des selles et sécrétions humaines, la fièvre typhoïde se caractérise notamment par des fièvres prolongées, des maux de tête et des troubles digestifs tels que des vomissements ou des diarrhées.
Du 13 février au 2 avril 2023, 1856 patients souffrant de cette maladie ont été soignés par les équipes de MSF à Panzi. Au-delà de la fièvre typhoïde, 1853 cas du paludisme dont 206 cas compliqués ont été pris en charge.
« Au début, les cas qui nous arrivaient étaient vraiment graves et le personnel soignant de l’hôpital n’était pas en mesure de les prendre en charge correctement », explique Télesphore Raphaël Kibwantiaka, responsable d’intervention de l’équipe d’urgence de MSF à Panzi. « Le manque de moyens financiers poussait aussi les patients à se rendre tardivement à l’hôpital. »
La fièvre typhoïde peut amener à des complications graves voire mortelles, comme la péritonite, si une intervention chirurgicale n’est pas réalisée dans les temps. MSF a aménagé un bloc opératoire à l’hôpital de Panzi et renforcé les capacités du personnel soignant pour gérer les complications liées à la maladie. 31 interventions chirurgicales ont été réalisées durant cette intervention : 24 pour la fièvre typhoïde et 7 pour les chirurgies d’urgence.
Kasongo, un garçon d’une dizaine d’années, est l’un d’entre eux. Il a été amené à l’hôpital de Panzi dans un état critique.
« Il est arrivé dans le coma. Nous l’avons d’abord réanimé avant de l’amener au bloc opératoire. Son opération n’était pas facile car il avait plusieurs perforations », explique Mbuta Mijosé, Médecin superviseur de l’équipe d’urgence de MSF. Kasongo a été opéré avec succès. Il a quitté l’hôpital après avoir récupéré totalement.
Outre la prise en charge, MSF sensibilisait aussi la communauté sur l’importance du respect des règles d’hygiène pour éviter la propagation des cas de typhoïde.