À Mbuji-Mayi, la Clinique Fistule à cœur traverse une période critique depuis le départ de l’UNFPA, survenu il y a huit mois. Ce centre, intégré à l’hôpital presbytérien du Kasaï-Oriental, ne dispose plus des ressources nécessaires pour assurer la prise en charge des femmes atteintes de fistules obstétricales. Le manque de matériel médical et de soutien nutritionnel compromet gravement les soins offerts à ces patientes, souvent marginalisées après des accouchements traumatiques.

Depuis sa création il y a près de cinq ans, la clinique accueillait des femmes venues non seulement de Mbuji-Mayi, mais aussi des provinces voisines comme Lomami et Sankuru. Grâce au soutien de l’UNFPA, elle proposait des interventions chirurgicales réparatrices, un accompagnement psychosocial et une assistance nutritionnelle. Ce dispositif permettait de redonner dignité et espoir à des femmes souvent rejetées par leur entourage.

Aujourd’hui, le centre est submergé par les cas, mais ne peut plus répondre aux besoins croissants. Le Dr Jean-Pierre Lukoji, médecin directeur, exprime son désarroi face à cette situation. Il affirme que l’équipe conserve la volonté de soigner et de soulager les patientes, mais se heurte à une absence totale de moyens depuis la fermeture des bureaux de l’UNFPA.

Les fistules obstétricales, qui provoquent des pertes urinaires ou fécales par voie vaginale, entraînent une souffrance physique et psychologique profonde, ainsi qu’un isolement social. Sans ressources, la clinique ne peut plus garantir les soins indispensables à ces femmes.

Face à cette urgence, le Dr Lukoji appelle les autorités nationales et provinciales, ainsi que les partenaires humanitaires, à intervenir rapidement. Il plaide pour une reprise du financement institutionnel afin d’assurer la continuité des soins et de restaurer les capacités du centre.

Selon les données de l’UNFPA, les opérations humanitaires prévues pour 2024 n’ont été financées qu’à hauteur de 42 %, ce qui affecte gravement les services de santé reproductive dans plusieurs régions du pays, notamment au Kasaï-Oriental.