Par Christina KABEDI
Les antibiotiques de la famille des fluoroquinolones ont des effets indésirables parfois graves. Depuis 2019, ils ne doivent plus être prescrits contre de banales infections urinaires. Et pourtant c’est encore le cas. Des malades réclament.
L’annonce est tombée lundi. Une dizaine de patients qui souffrent d’effets indésirables graves liés à la prise d’antibiotiques de la famille des fluoroquinolones vont saisir la justice. Ils portent plaintes, notamment auprès du pôle de santé publique de Paris, pour « blessures involontaires » et « tromperie aggravée ». Les effets secondaires rencontrés sont irréversibles et impactent fortement les patients dans leur vie quotidienne.
Le collectif dénonce également le fait que souvent ces antibiotiques sont prescrits alors que cela n’est pas nécessaire. Dans une étude parue en mai dernier, l’Agence Européenne du Médicament affirmait que plus des deux tiers des prescriptions en France sont faites pour des indications non prévues par les recommandations. « On prescrit ces traitements dans des situations où la balance bénéfice/risque est négative : des infections bénignes où l’on devrait utiliser des antibiotiques moins toxiques », s’indigne Philippe Coville. « Dans ces situations, ces antibiotiques sont quasiment des poisons ! ». L’association affirme qu’en quatre ans, six millions de prescriptions injustifiées de ces antibiotiques ont été faites.
Avec cette plainte, Philippe Coville et les autres victimes espèrent déclencher l’ouverture d’une enquête pénale sur ce médicament et surtout un arrêt des prescriptions. « Il faut arrêter de prescrire ce médicament à tout va ! Ça détruit la santé des gens, ça détruit des vies », martèle-t-il. Ils demandent par ailleurs qu’une unité de soin pour traiter leurs séquelles soient créées.