Le samedi 25 octobre 2025 marque un tournant majeur dans la lutte contre les cancers féminins en République Démocratique du Congo. La Première ministre Judith Suminwa a officiellement lancé une table ronde nationale consacrée à cette cause, en présence de la Première Dame Denise Nyakeru Tshisekedi. Organisé par le ministère de la Santé publique, de l’Hygiène et de la Prévoyance sociale, cet événement symbolise une avancée décisive dans la prise en charge du cancer du sein, qui touche chaque année des milliers de femmes congolaises.
Dans son discours, la cheffe du gouvernement a appelé à une mobilisation patriotique pour renforcer la riposte nationale. Elle a souligné que cette initiative devait marquer un « tournant décisif », avec pour ambition de sauver des vies et de bâtir un système de santé digne de la confiance du peuple congolais. La stratégie nationale contre le cancer qui en découlera vise à répondre de manière concrète à l’urgence sanitaire que représente cette maladie.
Les chiffres du Centre national de lutte contre le cancer (CNLC) sont alarmants : plus de 7 000 nouveaux cas de cancer du sein et plus de 8 000 cas de cancer du col de l’utérus sont enregistrés chaque année en RDC. Près de 15 000 femmes sont ainsi diagnostiquées annuellement, ce qui justifie pleinement l’élaboration d’une stratégie coordonnée, ambitieuse et durable.
Réunis autour du mot d’ordre « Ensemble contre le cancer du sein », médecins, chercheurs, institutions publiques et partenaires techniques ont entamé les travaux pour définir un cadre d’action structuré autour de quatre axes majeurs : la prévention, le dépistage précoce, la prise en charge médicale et le financement pérenne. Cette approche intégrée vise à combler les insuffisances actuelles et à renforcer l’efficacité des interventions sur le terrain.
Une étude récente menée par Target Sarl révèle un déficit préoccupant de connaissances : bien que la majorité des Congolais aient entendu parler du cancer du sein, seuls 17 % connaissent les méthodes de dépistage telles que l’auto-examen ou la mammographie. Ce manque d’information constitue un frein majeur à la détection précoce, pourtant essentielle pour améliorer les chances de guérison.
Les conclusions de cette table ronde devraient aboutir à l’adoption d’une « Déclaration de Kinshasa », véritable acte d’engagement en faveur d’une riposte renforcée contre les cancers féminins et d’un accès équitable aux soins sur l’ensemble du territoire. Cette initiative s’inscrit dans un contexte préoccupant où les maladies non transmissibles progressent rapidement en Afrique subsaharienne, et elle incarne une volonté politique de protéger la dignité et la santé des femmes congolaises.
La stratégie nationale en gestation devra impérativement inclure un volet de sensibilisation massif aux techniques de dépistage. L’auto-examen, simple et accessible, pourrait devenir un outil clé de prévention, tandis que la création de centres de mammographie dans les provinces permettrait de démocratiser l’accès au diagnostic précoce.
L’implication personnelle de Judith Suminwa dans ce combat témoigne d’un engagement politique fort : faire de la lutte contre le cancer du sein une priorité nationale. Dans un pays où les infrastructures sanitaires sont souvent insuffisantes, cette mobilisation au sommet de l’État pourrait transformer le quotidien de milliers de femmes.
Si le chemin reste long, la Déclaration de Kinshasa pourrait bien inaugurer une nouvelle ère dans la prise en charge des cancers féminins en RDC. Au-delà de la santé publique, l’enjeu touche à l’équité sociale, à l’autonomisation des femmes et au développement humain du pays. Le succès de cette stratégie dépendra de la capacité des autorités à traduire les engagements en actions concrètes et durables pour les femmes congolaises.