
Le système de santé des provinces du Nord et Sud Kivu, en République Démocratique du Congo, traverse une crise alarmante, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Dans un communiqué de presse publié le 17 juin, le CICR explicite que cette détérioration est causée par les conflits armés, l’insécurité, les difficultés économiques et la réduction des financements humanitaires.
Entre avril et mai 2025, le CICR a mené une étude sur 109 centres de santé dans les zones où il est actif. Les résultats indiquent un risque d’effondrement du système sanitaire, menaçant des millions de vies. « L’accès limité aux soins et aux médicaments augmente considérablement les risques de décès dus à des blessures ou à des maladies courantes », déclare François Moreillon, chef de délégation du CICR en RDC.
L’insécurité entrave le déplacement des malades et le transfert des blessés, provoquant une fuite du personnel soignant et des difficultés d’approvisionnement en intrants médicaux. Au premier trimestre 2025, les consultations pédiatriques ont chuté de 50 % par rapport à l’année précédente, et le nombre d’enfants vaccinés a diminué de manière inquiétante.
« Nous avons constaté une augmentation de plus de quatre fois du nombre de mort-nés, en particulier au Nord-Kivu, ce qui montre que les mères n’arrivent pas à accéder aux soins nécessaires », explique Etienne Penlap, coordinateur santé pour le CICR en RDC.
Au premier trimestre 2025, les hôpitaux soutenus par le CICR ont traité 2 351 blessés par arme, soit une augmentation de 172 % par rapport à 2024. Les blessures sont plus complexes, souvent causées par des éclats d’armes explosives.
Les besoins en santé mentale ont également explosé, avec une multiplication par sept des consultations pour les victimes de violences.
Trois cinquièmes des structures de santé interrogées ont subi des pillages. « Nous avons du mal à traiter des pathologies courantes à cause du manque de médicaments », témoigne un infirmier d’un centre de santé à Kalehe. La situation est aggravée par des ruptures de stock, rendant les médicaments essentiels rares.
L’intensification des combats et les restrictions sur l’acheminement des médicaments compliquent la situation. « Près de trois quarts des structures connaissent des ruptures de stock dues à l’impact des conflits et à la réduction des financements humanitaires », précise Etienne Penlap.
Face à cette situation alarmante, le CICR appelle toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire afin de protéger l’accès aux soins de santé. Des mesures urgentes doivent être prises pour garantir la sécurité des malades et du personnel soignant.
« La gravité de la situation nécessite un financement transparent et prévisible pour l’action médicale », conclut François Moreillon.
Depuis janvier 2025, la situation sécuritaire dans la partie Est de la République Démocratique du Congo est volatile, suite aux affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Cette région, actuellement occupée par le M23, expose la vie de milliers de personnes, et des actions immédiates sont nécessaires pour éviter un désastre humanitaire.